Histoire de la radio à Drummondville 16-04-2013

émetteurs de Drummondville en 1928…

Coutoisie VE2CRD

Marconi et la radio au Canada

Marconi, physicien italien, réalisa le 12 décembre 1901 la première transmission télégraphique sans fil Europe-Amérique. Par cet exploit, il venait de créer l’ère des télécommunications. Il est reconnu comme l’inventeur de la radio mais ses transmissions n’étaient qu’en code Morse. C’est un Canadien, Réginald Aubrey Fessenden, qui réussit le premier à transmettre des voix.

En 1918, Marconi s’installa à Montréal pour l’unique raison que seul le Canada n’était pas soumis aux restrictions militaires pour la TSF (télégraphie sans fil). Il y fonda la «Canadian Marconi Wireless Co». Et cette compagnie créa la toute première station radiophonique au monde, la XWA qui devint, toujours en 1918, la station CFCF. Voilà pourquoi on peut prétendre que le Canada a contribué à l’invention de la radio.

Il faut comprendre que les radioamateurs ont grandement aidé au perfectionnement des systèmes de communication. Ainsi on pensait que les ondes courtes étaient limitées par la distance et on réserva les ondes courtes aux radioamateurs. Mais ceux-ci parvenaient à transmettre sur des distances de plus en plus grandes convainquant ainsi la «Canadian Marconi Wireless Co» d’utiliser des ondes courtes pour établir son service radiophonique transatlantique.

L’interminable ligne télégraphique de Louisbourg en Nouvelle-Écosse jusqu’à Montréal coûtait cher et les tempêtes de verglas la rendaient vulnérable. Il fallait réduire sa portée, rapprocher les stations vers le terminal de Montréal. La MWT abandonna le Cap Breton et choisit Yamachiche et Drummondville au Québec où le sol argileux et les vastes terres étant propices aux opérations du genre.

Dès 1925, on construisit 8 tours de métal dont 5 de 300 pieds de hauteur (91,5 mètres) pour le circuit de l’Angleterre (radio haute fréquence) et 3 tours de 250 pieds de hauteur (76 mètres) pour le circuit de l’Australie (ondes courtes).

Pendant la seconde guerre mondiale, la milice canadienne a veillé à la sécurité de la « Canadian Marconi » dont les services sont devenus alors de plus en plus importants pour les communications outre-mer si indispensables en période de guerre.

Nombreux sont les opérateurs qui, de Yamachiche (réception) et de Drummondville (émission), ont acheminé aux quatre coins du monde des millions de messages.

Tiré d’articles écrits par Michel Cloutier dans Le Nouvelliste et par Paul Desaulniers. Références fournies par Gaétan Beauclair VE2CTG. Sur le site de VE2GCF.

lien: Lieu historique national de Marconi

 

Implantation de la station de Drummondville

C’est en octobre 1926 qu’a lieu l’inauguration officielle de la première liaison radiotélégraphique entre Londres et Montréal. Par la suite, deux autres liaisons radiotélégraphiques s’ajoutent au service, au mois de mars 1928, un circuit avec New York, et en juin de la même année, un autre avec Melbourne (Australie). Et au début des années trente, une autre première se présente. En effet, les communications radiotéléphoniques débutent entre Londres et Montréal, le 11 juillet 1932.

La station de Drummondville bourdonne d’activités. Sur son domaine s’étendant sur quelque 600 acres de terre, occupés précédemment par MM, Adélard Dionne et Charles Chabot ainsi que par une usine de munitions appelée La Poudrière, on a érigé un atelier où l’on construit des émetteurs de cinq kilowatts. Les cadres habitent de jolies résidences de type vernaculaire revêtues de brique, construites à proximité de l’usine selon les plans des architectes Ross & Macdonald de Montréal. Les visiteurs s’émerveillent à la vue de l’aménagement esthétique des parterres réalisé par le personnel durant ses loisirs. Harmonieusement agencés, arbres, arbustes et fleurs mettent en valeur les belles lignes architecturales des divers bâtiments. Et tout autour de cet îlot de verdure s’élèvent huit tours, atteignant près de 100 mètres de hauteur, orientées selon la destination des messages, soit vers les Îles britanniques ou l’Australie.En 1950 la Société canadienne des Télécommunications transmarines (SCTT) est fondée en tant que société de la Couronne, à la suite de la fusion de la Pacific Cable Board Limited et de la Marconi Wireless Telegraph Company, devenue la Canadian Marconi Company. La nouvelle société est par le fait même propriétaire des installations de Yamachiche et de Drummondville. On modernise alors l’équipement: des émetteurs de trente kilowatts, installés à Drummondville, permettent d’augmenter les circuits et assurent des liaisons sur télétype avec l’Allemagne, la France, l’Italie, les Bermudes et quelques circuits privés comme celui de l’agence Reuter.

Mais les communications radiotéléphoniques sont peu fiables à cause des conditions ionosphériques instables. En 1956, l’installation du prémier câble coaxial TAT-1, entre l’Écosse et Terre-Neuve assure enfin un service efficace. Vers le milieu des années soixante, les câbles de l’empire britannique parcourent les fonds sous- marins par milliers de kilomètres et relient le Canada aux pays méditerranéens, aux Antilles et même à l’Asie. Pour compenser la perte des circuits avec l’Europe, Yamachiche et Drummondville dirigent alors leurs antennes vers l’Amérique du Sud et de nouvelles liaisons sont établies avec l’Argentine, le Pérou et le Brésil. En 1968, six circuits radiotéléphoniques et neuf circuits radiotélégraphiques sont en opération.

Entre-temps, les satellites de télécommunications font leur apparition, hâtant la fermeture des stations à ondes courtes. En conséquence le 23 juin 1975, les quelque quinze employés de la station de Drummondville assistent à la dernière liaison radiotéléphonique. Six mois plus tard la Société canadienne de Télécommunications transmarines (SCTT) réorganise ses structures dans le but d’améliorer son efficacité. Elle sera dorénavant connue sous Ie nom de Téléglobe Canada.

Inauguration de la Marconi à DrummondvilleLa Parole, 21 juin 1928, Drummondville
Source: société d’histoire de DrummondvilleCette cérémonie a eu lieu à Montréal vendredi dernier. -Emissions à Drummondville et réception à Yamachiche.-LES MESSAGES

A neuf heures vendredi matin, eut lieu, à Montréal, l’inauguration officielle, par le gouverneur général d’Australie, du service commercial de radiotélégraphie, système à rayons dirigés, entre l’Australie et le Canada.

C’est par le poste érigé en notre ville qu’ont été transmis les messages pour l’Angleterre et l’Australie, tandis que les réceptions ont été faites par le poste de Yamachiche.

Les deux postes sont en raccordement direct avec les bureaux-chefs, à Montréal, au moyen de fils et, tout le trafic est contrôlé directement de la métropole. L’échange des messages se fait sans relais et, en secondes, on communique directement avec l’Australie. Les taux, pour les messages divers sont de 10 pour cent moins-élevés que ceux qui sont adressés par câble et, d’après les officiers en charge, la transmission est de beaucoup plus-rapide.

Par exemple, vendredi, on a reçu jusqu’à 235 mots à la minute, ce qui est considéré comme un record de vitesse. On prétend, toutefois, que l’on peut atteindre jusqu’à 250 mots à la minute.

Le double système d’antennes permet d’adresser, en même temps, des messages dans les deux sens : vers l’ouest, en traversant le sud de la Californie, une distance de 9,000 milles, et vers l’est, par vole du Sud-Africain, une distance de 16,000 milles. Par ce système, New-York peut maintenant communiquer avec les Antipodes, les messages de la métropole américaine étant transmis à Montréal d’où ils sont retransmis à Melbourne, puis par relais de Amalgamated Wireless.

-MESSAGES D’INAUGURATION

Parmi les messages reçus, vendredi, mentionnons ceux adressés au gouverneur général du Canada par le gouverneur du Sud de l’Australie, de Queensland et des Galles du Sud; au premier ministre du Canada, par les perniers ministres de Tasmanie, d’Australie, de l’ouest de l’Australie, de Queensland et des Galles du Sud; au maire de Montréal, par les maires de Melbourne, Adélaïde, Brisbane, Perth, Sydney et Hobart; à la

Chambre de Commerce de Moutréal, par les Chambres de Commerce de Perth, Hobart, Melbourne, Sydney et Adélaïde. Plusieurs messages ont également été échangés entre divers journaux des deux pays.

Le maire Camillien Houde, de Montréal, a adressé aux maires de Melbourne, Adelaïde, Perth, Hobart, Sydney et Brisbane, au nom des citoyens de la métropole canadienne, des souhaits en échange des expressions de cordialité.

 

Emplacement

Vue aérienne (vers le sud) de la ville de Drummondville, (approx. 1936),
on aperçoit les antennes au fond, et l’usine Celanese à l’avant-plan.

Vue aérienne (vers le sud-est) de la ville de Drummondville, (27 octobre 1946),
on aperçoit les antennes à droite, et le barrage Hemming à gauche.

 

Cette carte date de 1960, on y voit l’emplacement et la disposition des 5 tours en direction de l’Angleterre et des 3 tours pour l’Australie.
L’emplacement de la station du club, VE2CRD, y est indiquée.

Vue aérienne des bâtiments (vers le sud-ouest).

Antennes

Type de tours qui soutenaient le « short wave beam » (station Bodmin, Angleterre):
chaque tour faisait 91.5 m (300 pieds)
le même type de tours étaient installées à Drummondville.

Détail des antennes

(La Parole; 15/07/1937): Les fils de l’antenne et du réflecteur sont suspendus à des câbles tendus entre des pylônes d’acier hauts de 300 pieds et espacés de 650 pieds. L’espace entre deux pylônes voisins est appelé une baie et dans chaque baie est érigé une antenne pour une seule longueur d’onde.

Tous ces circuits fonctionnent avec des ondes courtes de 16 à 70 mètres, dont plusieurs longueurs pour chaque circuit, suivant l’heure du jour ou plus exactement, la quantité de lumière ou d’obscurité qui couvre le parcours de transmission.

 

Une autre particularité du système à ondes dirigées est que la liaison se fait par un appareil d’alimentation en tubes concentriques, comprenant un petit tube de cuivre logé dans un autre tube extérieur, dont il est isolé. Les courants de radio-fréquence sont transmis à l’antenne par le tube intérieur; celui extérieur étant relié à la terre, afin d’empêcher qu’il se produise des irradiations autres que celles de l’antenne elle-même. Cet appareil d’alimentation est suspendu à environ 1 pied au-dessus du sol et part de la bâtisse dans la direction du centre de l’antenne où elle se divise des deux côté en autant de brins qu’il y a de fils dans l’antenne. Tout l’appareil d’alimentation est disposé géométriquement de façon à ce que la distance du transmetteur à chaque fil soit exactement la même.Sur la photo:
Les éléments directeurs sont à droite et les réflecteurs sont à gauche.
Sur la droite sont situées les boîtes d’adaptation (« coupling ») qui sont font la transition entre l’alimentation et les directeurs; il y en a une pour chaque paire de directeurs. Les éléments réflecteurs sont au double de ce nombre. Le bout de chaque directeur et réflecteur comprend une pesée attachée à un pivot vertical afin de fournir la même tension sur chaque éléments, indépendamment du changement de la pression exercée par le vent.

source: MarconiCalling.com

 

Transmetteur Drummondville:

Transmetteur Marconi installé à Drummondville (Québec) en 1926. Il fut le premier lien à ondes courtes entre l’Angleterre et le Canada, et cet appareil a connu un très grand succès. Au début, le transmetteur ne pouvait que transmettre des informations en code Morse, mais plus tard il a été modifié en vue de transmettre aussi des informations de vive voix.

source:
Musée des sciences et de la technologie

(La Parole; 15/07/1937): La puissance des appareils varie quelque peu, allant de 4 à 15 kilowatts nécessaires pour les derniers stages; cependant ils sont tous à stages multiples et les oscillations sont produites dans un circuit spécial des tubes du genre récepteur à régime de puissance très faible, qui est amplifié par des stages consécutifs, jusqu’au niveau de puissance désiré. Quelques appareils de transmission ont jusqu’à neuf stages. Le dernier stage est constitué généralement, par deux gros tubes à vide formant un pont dans un circuit. Ces tubes sont capables d’opérer avec 10,000 watts chacun et leurs plaques sont refroidies par de l’huile qui circule au moyen de pompes, à travers un réservoir de refroidissement situé en plein air. Vu les fréquences extrêmenet élevées des oscillations utilisées par ce poste jusqu’à 18,750,000 fréquences par secondes), la construction des appareils de transmission exige un soin et une disposition spéciaux. L’isolement est assuré prioncipalement par des plaques de verre et les châssis des appareils sont fats de cuivre non inducteur. La fréqunce des oscillations est maintenue extrêmement constante, par le circuit d’entraînement spécial, qui n’est pas influencé par les changements de température.

L’énergie est fournie au poste à 48,000 volts; elle est abaissée à 550 volts par une sous-station située à l’extérieur et ensuite conduite au bâtiment principal. Des groupes de moteurs-générateurs transforment le courant alternatif en courant continu, pour alimenter les filaments et pour l’alimentation à haute tension des plaques dans les stages de faible puissance. Par des rectificateurs à tube à vide, on obtient le courant continu sous 8000 volts pour alimenter les plaques dans les stages de haute puissance. Il est intéressant de remarquer qu’on utilise 130 grands tubes à vide de diverses dimensions dans ce poste, sans compter les petits tubes du type récepteur.

 

Sur la photo:
Station de Drummondville, 1928 (salle d’alimentation?):
source: société d’histoire de Drummondville

Sur la photo:
Station de Drummondville, 1928 (oscillateurs et amplificateurs):
source: société d’histoire de Drummondville

 

Sur la photo:
Station de Drummondville, 1928 (vue générale):
source: société d’histoire de Drummondville

 

Sur la photo:
Station émettrice Marconi (Bodmin, Angleterre):
Les émissions provenant de Bodmin, Angleterre étaient reçues par la station de Yamachiche, QC, Canada.
Les émissions provenant de Drummondville, QC, Canada était reçues par la station de Bridgwater, Angleterre.
On y reconnaît le même type d’émetteurs que ceux de Drummondville

source: MarconiCalling.com

Méthodes de transmission

(La Parole; 15/07/1937): L’expédition des dépêches est faite du bureau central du télégraphe dans l’immeuble Marconi à Montréal. Lorsqu’on y présente pour être transmise, une dépêche portant l’indication « Via Marconi », un opérateur qui utilise une machine ressemblant à un clavigraphe, perce des trous dans un ruban de papier; ces trous correspondent aux diverses lettres qui composent la dépêche. Ce ruban est ensuite passé dans un appareil automatique de transmission, qui transforme les trous en points et tirets électriques. Par cette méthode, on peut atteindre des vitesses de transmission s’élevant jusqu’à 250 mots à la minute, tandis qu’avec la méthode manuelle, on ne peut dépasser un maximum d’environ 30 mots par minute.

Ces signaux passent sur des lignes souterraines, jusqu’à Drummondville, où ils commandent automatiquement l’appareil de transmission au moyen de relais, les signaux étant finalement irradiés de l’antenne. A l’autre bout du circuit, les signaux passent du poste récepteur sur des lignes souterraines au bureau central du télégraphe, où on les fait, paraître sur un autre ruban de papier, sous forme de ligne sinueuse.Du ruban, qui se déroule lentement devant lui, l’opérateur clé la réception clavigraphie la dépêche et elle est prête à être livrée.

Le circuit téléphonique avec l’Angleterre se termine de notre côté, au tableau des appels à longue distance de la compagnie du téléphone Bell à Montréal. Ce terminus est relié au poste de transmission à Drummondville, par des lignes téléphoniques souterraines. Lorsqu’un client désire parler à quelqu’un en Angleterre, il suffit que le téléphoniste des longues distances raccorde le client à cette ligne; dès que l’interlocuteur de l’autre côté est prêt, la conversation peut commencer. Au moyen de lignes terrestres et de câbles le circuit peut être raccordé à Londres avec n’importe quel point en Grande-Bretagne, en Irlande et même avec la plupart des autres pays européens. Il est également possible à un client canadien de parler avec l’Afrique du Sud et l’Australie, par les circuits radio-téléphoniques établis entre l’Angleterre et ces deux pays.

Sur la photo:
Station de Drummondville, 1960 (salle de transmission):
source: société d’histoire de Drummondville

 

Sur la photo:
Station de Drummondville, 1960 (salle de transmission):
source: société d’histoire de Drummondville

 

De nos jours
Le bâtiment original de la Marconi ainsi que les 3 maisons des employés sont encore là pour témoigner d’une autre époque.
La station VE2CID est située dans l’ancien bâtiment de la Marconi qui est maintenant occupé par le SIUCQ.

Les tours sont disparues du paysage de la ville de Drummondville.
Ce qu’il en reste, la forêt commence à envahir le site.
Les bases de béton et les attaches sont encore là et il y a une rue qui porte le nom de « Marconi »
L’emplacement est connu sous le nom de « parc de la Marconi ».

L’Avenir

J’espère que la station de VE2CRD ou VE2CID pourrait être reconnue comme station officielle lors d’une activité annuelle de radio amateure « L’international Marconi Day » ou la journée internationale Marconi !

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73, Stéphane VE2OWL

Sources:
Société d’histoire de Drummondville
Implantation de la station de Drummondville, Yolande Allard auteure
M. Joseph Camirand, Drummondville;
M. Paul Huot, Yamachiche;
Communiqué de Téléglobe Canada, avril 1986;
Encyclopaedia Universalis, volume 6, pp. 57-58;
La Tribune, 31 octobre 1949 p. 39;
Un Coin des Cantons de l’Est, p. 368;
Spargo, vol. 13, no 4, IX, 1976 (Revue mensuelle destinée aux employés de Téléglobe Canada)
MarconiCalling.com